Interview de Lucas Harari, illustrateur de l’affiche de cette 6e édition

Découvrez l'interview de Lucas Harari, illustrateur de l'affiche de la 6e édition des Journées nationales de l'architecture.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis né à Paris en 1990, où je vis toujours. Après un passage éclair en architecture, j’ai fait des études aux Arts décoratifs de Paris dans la section image imprimée. Aujourd’hui je suis auteur de bande dessinée (L’aimant en 2017 et La dernière rose de l’été en 2020 aux Éditions Sarbacane), illustrateur pour la presse (LibérationL’obsL’ExpressLireLe Parisien…), l’édition, la communication. J’expose également en galerie.
 

Votre proposition retenue pour illustrer l’affiche officielle des Journées nationales de l'architecture puise dans le registre de la bande dessinée. Quelles sont vos sources d'inspirations ? 

Quand j’ai reçu une invitation à proposer une affiche pour les Journées nationales de l'architecture, j’ai tout de suite pensé à une série de trois affiches réalisées par Ted Benoit en 1984 pour une exposition à l’Institut Français d’Architecture autour de trois architectes français (Henri Ciriani, Henri Gaudin et Christian de Portzamparc). Ces affiches, et plus globalement, l’œuvre de Ted Benoit ont toujours été pour moi un exemple parfait de l’articulation entre la ligne claire en bande dessinée et l’architecture contemporaine qui constitue un élément central de mon travail d’auteur et d’illustrateur. Très vite, notre idée avec Hadrien Herzog, le graphiste avec lequel je me suis associé pour ce projet, a été de construire le visuel à la manière d’une planche de bande dessinée, en structurant 4 illustrations autour de cartouches qui accueillent les éléments textuels (titre, date, accroche, mot-dièse, site internet et logotype) et « architecturent » ainsi la composition.
 

Vous avez également souhaité exprimer la diversité architecturale du patrimoine français, notamment à travers des références à plusieurs réalisations et architectes. Par quoi vos choix ont-ils été guidés ?

La composition du visuel est effectivement divisée en quatre « cases » de formats différents, mettant chacune en scène un bâtiment spécifique. Ces derniers ont été choisis pour leur intérêt esthétique mais aussi pour exprimer la diversité du paysage architectural français allant de l’équipement au logement, et de l’ultra-contemporain à une architecture du patrimoine du XXe siècle : le pôle éducatif du Val de Scarpe à Arras construit par le jeune architecte Guillaume Ramillien en 2019, les logements sociaux d’Evry conçus en 1986 par Henri Gaudin, la très fameuse villa La Roche de Le Corbusier (1925) et, petit clin d’œil personnel, un bâtiment de logements dessiné par mes parents Jean et Aline Harari, dont l’influence a bien entendu beaucoup compté dans mon intérêt pour l’architecture.
 

Comment avez-vous représenté ces bâtiments et illustré le thème du « vivre-ensemble » au cœur de la 6e édition des Journées nationales de l’architecture ?

Nous avons fait le choix de représenter chacun de ces bâtiments par un cadrage serré et dynamique afin de révéler au moyen de détails, la précision et l’élégance des volumes, des matériaux et des jeux de lumières. Ce parti pris renforce l’importance des hors-champs et affirme en contrepoint, par l’absence, la force de ce qui est montré. Ceci a également pour conséquence de ménager une part de mystère qui, nous l’espérons, pique la curiosité de l’observateur et le rend acteur. Pour amplifier cet effet, des événements provenant des hors-champs ont été ajoutés afin d‘animer chacun des lieux et suggérer une continuité entre eux. Ainsi, une forme de narration se dessine ; les bâtiments devenant des théâtres où se jouent des saynètes du quotidien. À travers ces petits récits, notre volonté est de montrer l’architecture comme l’environnement qui détermine nos vies, nos déplacements, nos regards et nos pratiques.