Comment rendre le bâti plus écologique ?

Du recours à des matériaux biosourcés ou géosourcés à la réduction de la consommation énergétique des édifices, l'architecte est en première ligne pour imaginer des solutions et des manières de concevoir plus sobres et plus écologiques.
La tour de la biodiversité, Edouard François

En France, le secteur du bâtiment représente 43 % de la consommation énergétique nationale et près de 25 % des émissions de CO2 d’après le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Un chiffre qui illustre l’urgence d’un changement de paradigme dans le secteur de la construction.

 

Améliorer la performance énergétique des constructions et des réhabilitations

Améliorer la performance énergétique du bâti est l’un des principaux leviers du secteur de la construction pour atteindre la neutralité carbone. Plusieurs labels ont été créés pour distinguer les bâtiments peu gourmands en énergie, à l’image :

- Des bâtiments bas carbone (BBC) qui contribuent à réduire les émissions de gaz à effet de serre, à préserver les ressources naturelles et à favoriser le maintien de la biodiversité. Pour cela, ils se basent sur l’utilisation de matériaux peu ou pas carbonés et de solutions innovantes (capteurs solaires, panneaux photovoltaïques, systèmes de recyclage des eaux usées, isolation thermique performante…).
- Les bâtiments à énergie positive (BEPOS) conçus pour produire plus d’énergie qu’ils n’en consomment. Ils s’appuient sur des technologies et des dispositifs d’optimisation de l’isolation thermique, sur le recours systématique aux énergies renouvelables et à la ventilation naturelle, ou encore sur la mise en place de systèmes de gestion intelligente de l’énergie.

Outre ses bienfaits pour la planète, les architectures bas carbone et à énergie positive présentent de nombreux avantages pour leurs occupants, tels qu’une réduction des coûts de l’énergie, un meilleur confort thermique et une amélioration de la qualité de l’air.

 

Privilégier le recours à des matériaux écologiques et responsables

De l’extraction de matières premières au transport, en passant par l’énergie nécessaire au processus de fabrication, les matériaux de construction ont un impact significatif sur l’environnement.

Outre, le réemploi et le recyclage (voir l’article ici), un nombre croissant d’architectes et de maîtres d’ouvrage publics et privés se tournent vers le recours aux matériaux biosourcés et géosourcés : 
- Les matériaux biosourcés sont issus de matières organiques renouvelables d’origine végétale ou animale telles que le bois, le chanvre, la paille, l’ouate de cellulose, les textiles recyclés, les balles de céréales, le liège, le lin ou encore la chaume. Ils peuvent être utilisés pour réaliser des structures, des isolants, du mortier ou du béton.
- Les matériaux géosourcés sont directement issus des ressources locales, comme la terre, la pierre ou le bois. Ils peuvent faire office de matériau structurel (pisé, brique de terre...) ou de remplissage (torchis, terre-paille…).

 

La montée en puissance de l’architecture réversible

La réversibilité architecturale consiste à concevoir des bâtiments capables de changer d’usage au fil du temps, moyennant des modifications et des adaptations minimes. Elle s’appuie par exemple sur l’utilisation de structures modulaires démontables ou d’éléments de construction conçus pour être assemblés et désassemblés facilement (panneaux préfabriqués, éléments en bois, etc.). Cette approche est déjà largement utilisée dans le cadre de projets temporaires, comme la construction de pavillons ou d’installations éphémères, mais peut aussi s'appliquer à des bâtiments permanents. Construire des édifices réversibles implique donc de penser leur évolutivité à long terme.

Outre ses bienfaits écologiques, la réversibilité comporte des avantages pour les propriétaires qui peuvent plus facilement revendre un bien utilisable pour différents usages.

 

L’essor de l’architecture bioclimatique

Autre pratique vertueuse, l’architecture bioclimatique consiste à concevoir un édifice en adéquation avec les spécificités de son site d’implantation (géographie, orientation du terrain, microclimat, etc.). L’objectif est de réduire au maximum les besoins en énergie des futurs occupants, tout en améliorant leur confort. 

L’architecture bioclimatique repose sur la mise en place d’une série de dispositifs pour, par exemple, capter la chaleur du soleil en hiver et s’en protéger en été
- Installation de brise-soleil, casquettes, débords de toiture et autres protections contre le rayonnement direct ; 
- Végétalisation intelligente avec la plantation de résineux au nord pour réduire l’impact des vents froids et d’essences caduques au sud pour protéger du rayonnement en été, tout en laissant passer la lumière en hiver ;
- Utilisation de matériaux à forte inertie, tels que la pierre ou la terre crue, pour emmagasiner la chaleur en hiver et maintenir la fraîcheur en été…

Quelles que soient les techniques et les dispositifs choisis, l’architecte est en première ligne pour améliorer la sobriété environnementale du bâti. De l’analyse des contraintes d’un site à une réflexion sur les usages des futurs occupants, en passant par la sélection de matériaux écologiques et à forte inertie thermique, il déploie son talent et son savoir-faire pour proposer les solutions les plus vertueuses possibles.