Face à ces enjeux, les architectes font évoluer leurs pratiques pour réduire la consommation énergétique des bâtiments tout en améliorant le confort de leurs occupants. La 10e édition des Journées nationales de l’architecture placée sous le thème « Architectures du quotidien » offre une occasion précieuse de mettre en valeur ces transformations à l’œuvre.
La frugalité architecturale : faire mieux avec moins
La frugalité architecturale s’impose aujourd’hui comme une réponse concrète aux défis environnementaux. Il ne s’agit plus simplement d’améliorer la performance énergétique d’un bâtiment, mais de repenser en profondeur la manière de construire. Cela passe notamment par la rénovation du bâti existant, plutôt que la construction neuve, par la mutualisation des usages et le partage d’espaces entre plusieurs publics et par la conception de bâtiments évolutifs, capables de changer de fonctions au fil du temps.
Concevoir de manière frugale, c’est aussi remettre en valeurdes logiques architecturales simples et efficaces. Une bonne orientation du bâtiment, une implantation tenant compte du climat local, un système de ventilation naturelle et un usage intelligent de la lumière du jour permettent de réduire considérablement les besoins en énergie pour le chauffage, la climatisation ou l’éclairage.
Ces choix techniques ont également un impact positif direct sur le quotidien des habitants, en réduisant leurs factures d’énergie, en renforçant leur confort thermiqueet en améliorant leur qualité de vie.
Privilégier des matériaux sobres, durables et locaux
Le choix des matériaux constitue un autre levier central de la sobriété énergétique. Le recours à des matériaux biosourcés ou géosourcés, issus de ressources renouvelables ou locales, permet d’améliorer le confort thermique, tout en limitant les émissions de CO2 liées à la fabrication et au transport. Des matériaux naturels tels que le bois, le chanvre, la paille, la terre crue ou la pierre combinent en effet une forte inertie thermique et une bonne capacité de régulation de l’humidité.
Par ailleurs, le réemploi de matériaux issus de chantiers existants, tels que des briques, menuiseries, structures ou isolants, permet non seulement de réduire les déchets mais aussi de prolonger la durée de vie des ressources déjà extraites.
Intégrer les principes de l’architecture passive
L’architecture passive pousse la logique de sobriété plus loin. Elle vise à concevoir des bâtiments capables de conserver une température intérieure agréable sans recourir à des systèmes énergivores.
L’architecture passive repose sur un ensemble de stratégies, telles que :
- une isolation thermique performante ;
- une étanchéité à l’air maîtrisée ;
- une orientation optimale du bâtiment ;
- une maximisation de l’utilisation des apports solaires en hiver ;
- des dispositifs de protections solaires pour l’été ;
- des systèmes de ventilation naturelle ou de récupération de chaleur.
Sobre par nature, un bâtiment passif consomme jusqu’à 10 fois moins d’énergie qu’une construction standard, tout en garantissant la qualité de vie de ses occupants.
Penser une architecture sobre, c’est aussi anticiper l’évolution des usages en concevant des bâtiments modulables et en réduisant les besoins dès la phase de conception. Cela suppose également d’adapter chaque projet à son contexte géographique, climatique et social, ainsi que d’instaurer un dialogue étroit entre architectes et usagers.
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(1) La planification écologique des bâtiments, 2023, SGPE, données CSTB.
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