Face à ces mutations, l’architecture des espaces professionnels évolue vers davantage de modularité et de convivialité, loin du modèle autrefois prédominant du bureau fermé. La 10e édition des Journées nationales de l’architecture placée sous le thème « Architectures du quotidien » met en lumière ces transformations.
Des espaces plus flexibles et modulables
L’architecture des lieux de travail n’est plus figée, mais pensée pour se transformer facilement au gré des usages et des besoins. Elle vise à s’adapter à différents rythmes et modes de travail, tout en optimisant les surfaces. Cette flexibilité se traduit notamment par l’intégration de cloisons mobiles, de mobilier modulable ou de parois acoustiques déplaçables permettant de redéfinir rapidement les volumes.
Si la recherche de lumière naturelle ou de qualité acoustique ne sont pas nouvelles, la conception de ces lieux est aujourd’hui davantage centrée sur l’expérience des usagers. Des bulles insonorisées permettent, par exemple, de passer des appels sans perturber l’environnement de travail, tandis que des espaces de repos, voire des salles de sieste, se développent. L’aménagement spatial est également conçu pour stimuler la créativité et le lien social à travers des espaces informels encourageant les échanges spontanés et le travail collaboratif (alcôves, salons, toits-terrasses végétalisés, etc.).
Enfin, certains bâtiments professionnels intègrent aujourd’hui des services, comme des conciergeries, des salles de sport ou des crèches pour répondre aux aspirations contemporaines et améliorer le bien-être des collaborateurs.
L’essor des espaces de travail partagés et des tiers-lieux
Portés par la généralisation du télétravail, les espaces de travail partagés se sont imposés comme des alternatives au bureau traditionnel et au domicile. Ces espaces investissent une grande variété de contextes architecturaux, depuis des immeubles tertiaires récents jusqu’à d’anciens ateliers, gares ou entrepôts réhabilités. Dans ce cas, l’architecture intérieure conserve souvent des éléments d’origine tout en privilégiant des volumes ouverts, baignés de lumière naturelle et modulables. La frontière entre zones formelles et informelles s’efface grâce à l’aménagement de coins salon, de cuisines partagées ou de cabines acoustiques.
Le développement des tiers-lieux est un autre exemple emblématique de ces transformations. Ces espaces hybrides accueillent une grande diversité de publics, tels que des télétravailleurs, des travailleurs indépendants, des associations, des étudiants ou de simples habitants réunis autour de services mutualisés.
À la croisée des mondes du travail et de la culture, les tiers-lieux sont souvent organisés autour de programmes mixtes, associant espaces de travail partagés, café, médiathèque, salles de réunion ou encore fablab. Cette diversité d’usages repose sur une architecture souple, capable de s’adapter aux différents usages.
Beaucoup de tiers-lieux se situent dans des bâtiments réhabilités, tels que d’anciennes friches industrielles, à l’image de la Friche de la Belle de Mai à Marseille (Bouches-du-Rhône), l’un des pionniers du genre en France. Ces opérations permettent non seulement de valoriser le patrimoine bâti, mais aussi de recréer des centralités dans des territoires en reconversion.
À l’heure de l’intelligence artificielle, de la dématérialisation croissante des échanges et des nouveaux enjeux écologiques, l’architecture des lieux de travail continue d’évoluer. Le principal enjeu pour les architectes est d’anticiper ces évolutions pour proposer des espaces en phase avec les mutations à venir de nos façons de vivre et de travailler.
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