L’architecture pour le monde vivant

Dotée de vertus écologiques, sanitaires, esthétiques et culturelles, la biodiversité contribue à améliorer notre cadre de vie. Mieux intégrer le monde vivant dans les projets de construction et de rénovation est l’un des défis que doivent relever les architectes à l’heure de la transition écologique, thème à l’honneur de l’édition 2023 des Journées nationales de l'architecture.
Imagine Angers Design competition - ARBORESCENCE - Architectes : WY-TO Architects / Crespy & Aumont

Accorder une plus grande place au vivant dans les projets architecturaux

 

Vers des bâtiments refuges de biodiversité 

En architecture, la végétalisation des toitures, des façades et des terrasses est l’une des actions en faveur de la biodiversité les plus répandues. Cette stratégie implique de concevoir des enveloppes extérieures poreuses à partir de matériaux non nocifs pour créer des vides, des trous et des cavités permettant l’implantation de plantes, de fleurs et de mousses.

Outre ses bénéfices pour la biodiversité, la végétalisation de l’enveloppe des bâtiments présente également des avantages pour les habitants. Les plantes filtrent l’air et améliorent sa qualité, renforcent l’isolation thermique des logements, contribuent à conserver la fraîcheur en été et la chaleur en hiver, et permettent ainsi de réduire les dépenses énergétiques. 

Les dispositifs de végétalisation peuvent être complétés par l’installation de gîtes, de nichoirs et d’hôtels à insectes conçus pour accueillir des petits mammifères, des oiseaux et des pollinisateurs, et favoriser la protection de la biodiversité animale.

 

Qu’est-ce que la construction à biodiversité positive ?

La construction à biodiversité positive est un concept architectural visant à favoriser l’implantation de la biodiversité locale dans et sur le bâtiment. Le niveau de biodiversité obtenu doit être égal ou supérieur à celui existant avant la construction du bâtiment, tant sur les plans quantitatif (nombre d’espèces) que qualitatif.

 

La végétalisation des villes 

L’intégration de la nature en ville, partout où cela est possible, s’est fortement développée depuis une vingtaine d’années. Cette approche se traduit par l’aménagement de squares, parcs ou bassins paysagers de plus en plus nombreux, la végétalisation de la voirie, des cœurs d'îlots ou des cimetières, mais aussi la restauration des espaces naturels dégradés (cours d’eau, bois…).

Ces actions s’inscrivent généralement dans une stratégie plus large de création de corridors écologiques permettant de relier des réservoirs de biodiversité entre eux. L’objectif est de rétablir des continuités écologiques entre milieux urbains et ruraux pour diminuer la fragmentation du paysage et des populations animales. 

Ce levier de préservation de la biodiversité est désormais pris en compte dans les politiques publiques. Il est défini sous les termes « Trames Verte et Bleue » depuis les Grenelle de l’Environnement I et II (2009).

 

Intégration et gestion de la biodiversité dans les projets architecturaux 

 

Comment favoriser la biodiversité dans les projets de construction ?

La prise en compte de la préservation de la biodiversité doit intervenir à toutes les étapes d’un projet architectural ou urbanistique. Si les solutions dépendent des spécificités de chaque projet et doivent être définies en concertation avec les différentes parties prenantes, il est toutefois possible de lister quelques principes méthodologiques systématiques. 

Il est par exemple nécessaire de veiller à une utilisation raisonnée du foncier en privilégiant la rénovation sur l’édification de nouvelles structures, lorsque c’est possible. 

Dans le cas d’un projet de constructions neuves, il est recommandé de : 

●     Prioriser le choix de parcelles en reconversion et à faible valeur écologique et de se référer au Schéma régional de cohérence écologique pour en savoir plus sur les surfaces réservées à la nature ;

●     Procéder à un diagnostic écologique préalable pour connaître les caractéristiques du site, intégrer au mieux le projet dans son environnement et limiter son impact sur les sols, la faune et la flore ;

●     Réduire au maximum l’emprise au sol du futur bâtiment et tenter de recréer des écosystèmes et d’intégrer de la nature pour compenser les destructions ;

●     Tout mettre en œuvre pour préserver au maximum la biodiversité existante lors du chantier, à travers la création d’un plan d’organisation environnementale, incluant une analyse des risques pour la biodiversité, un planning d’intervention ou encore une stratégie de gestion des pollutions, etc. ;

●     Concevoir une enveloppe et des aménagements paysagers de qualité capables de devenir des lieux d’accueil et de vie pour la biodiversité.

 

L’importance de la gestion post-construction

 Les engagements pris en faveur de la biodiversité pendant la phase de conception doivent être suivis d’effets une fois le projet livré. Ceci implique de mettre en place des actions de gestion raisonnées et adaptées aux espaces, aux usages et aux choix esthétiques de la réalisation afin de pérenniser les aménagements conçus. 

La gestion alternative et différenciée se révèle particulièrement efficace pour favoriser le développement de la biodiversité. Ce mode de gestion prévoit une série d’actions, comme : 

●      Protéger les sols avec du paillage ;

●      Entretenir des espaces d’accueil et de refuge pour la flore et la faune ; 

●      Bannir l’usage de produits phytosanitaires ;

●      Pratiquer le désherbage sélectif ; 

●      Procéder à une taille raisonnée des végétaux…

 

Enfin, il est également nécessaire de sensibiliser et mobiliser les résidents sur l’importance du respect des dispositifs destinés à favoriser le maintien de la biodiversité sur leur lieu de vie.