Architectures à habiter : transformation de la Tour des Poissonniers à Paris

Conçue par l’architecte Raymond Lopez en 1959, la Tour des Poissonniers va faire l’objet d’une profonde transformation lancée à l’initiative de Paris Habitat. Dès 2025, elle accueillera des logements pour étudiants et jeunes chercheurs, ainsi qu’une « résidence des arts vivants ». Ce projet co-conçu avec l’ensemble des parties prenantes met l’accent sur la qualité de vie des futurs occupants, la sobriété énergétique et l’insertion dans le quartier. Il est porté par une équipe pluridisciplinaire menée par l’architecte Djamel Klouche (L’AUC).

Transformer plutôt que détruire et reconstruire

La Tour des Poissonniers domine le périphérique dans le 18e arrondissement de Paris. Emblématique de l’urbanisme vertical des Trente Glorieuses, elle abritait 97 logements sociaux familiaux répartis sur 50 mètres et 17 niveaux. 

L’opération lancée par Paris Habitat consiste en une restructuration, plus économique et plus écologique qu'une démolition-reconstruction. Elle a été imaginée selon un processus de dialogue entre les parties prenantes (maître d’ouvrage, maîtres d’œuvre et futurs gestionnaires et usagers), à travers des ateliers de co-conception portant sur la vie collective et intime, le jardin et ses équipements artistiques et l’insertion dans le quartier.

La nouvelle Tour s'inscrit en effet dans le cadre du renouvellement urbain de la zone située entre les portes de Clignancourt et de la Chapelle, partie intégrante du futur pôle des savoirs (Sorbonne Université, Campus Condorcet, etc.) du nord de la capitale. 

 

Un programme résidentiel et artistique

La nouvelle Tour des Poissonniers abritera 157 appartements pour étudiants, du studio au T5 en colocation ou en coliving, gérés par le Crous et conçus pour accueillir 209 étudiants boursiers et jeunes chercheurs. 

Plusieurs espaces collectifs seront aménagés dans les étages : un terrain de sport, des salles de travail, de lecture et de convivialité, et une vaste cuisine connectée à une serre verticale et à un toit-terrasse partagé. L’épaisseur du bâtiment sera élargie par l’ajout de balcons, jardins d'hiver et loggias sur les façades. 

Au pied de la tour, un jardin de 1900 m² sera dessiné par la paysagiste Catherine Mosbach. Une fois supprimé, le parking de surface laissera la place à une « résidence des arts vivants » de 745 m² constituée de « grands cylindres en terre crue ». Elle abritera des studios de musique et de danse et des salles de spectacle destinés aux étudiants en musicologie et en danse de Sorbonne Université, partenaire du projet.  

 

Un projet écologique

« Sauvegardée dans son entièreté, la nouvelle Tour des Poissonniers va évoluer selon les préoccupations énergétiques inscrites dans la charte de développement durable instaurée par Paris Habitat. Ce projet emblématique s’inscrit dans les enjeux de Paris 2050, ville post-carbone » souligne Paris Habitat. Le projet vise en effet le plus haut niveau de certification NF Habitat HQE, basé sur 3 engagements (qualité de vie, respect de l’environnement et performance économique) et 4 thématiques (air intérieur, bas carbone, économie circulaire et biodiversité). 

De multiples dispositifs maximiseront ainsi le confort des usagers, tout en réduisant les consommations énergétiques. Les loggias feront par exemple office de zones tampons thermiques, tandis que la façade sud sera protégée du soleil estival, tout en laissant pénétrer la lumière en hiver. 

Le bâtiment mobilisera les ressources qu'il possède et privilégiera les matériaux écologiques, tels que le bois ou la terre crue, ainsi que des éléments issus de la filière du réemploi (sanitaires, quincailleries, mobiliers des cuisines partagées, etc.). L’aménagement paysager favorisera la biodiversité et s’inscrira dans le corridor écologique des abords du périphérique.

Tenir compte des enjeux du changement climatique, c’est penser le devenir de cet héritage moderne. « Cette éthique de l’anticipation est au cœur du processus de conception de la nouvelle Tour des Poissonniers qui ouvre des espaces de co-construction sur les grands enjeux environnementaux, sociétaux, architecturaux et urbains » indique Paris Habitat.

 

Un projet marqué du sceau d’excellence « engagé pour la qualité du logement de demain » 

Ce projet a été labellisé suite à l’Appel à Manifestation d’Intérêt « Engagés pour la qualité du logement de demain », lancé par les ministères de la Culture et du Logement en 2021.

Cette grande expérimentation nationale résulte de la nécessité de repenser la qualité d’usage des logements actuels, de renouveler les modalités de production du logement en trouvant un équilibre entre sobriété écologique, soutenabilité économique et pérennité de la construction.

Elle a pour objectif de porter des projets innovants dans toutes les dimensions : éthiques, techniques, procédurales ou contractuelles, en construction neuve et en réhabilitation. 

Plus de 200 candidatures avaient été reçues et 97 d’entre elles ont été sélectionnées pour leur approches innovantes : processus et jeu d’acteurs, qualité architecturale et d’usage, dimension écologique, cibles et abordabilité.