Chargés de répondre à de multiples exigences économiques, sociales ou environnementales, ils transforment les territoires et témoignent du renouvellement du savoir-faire architectural. La 10e édition des Journées nationales de l’architecture placée sous le thème des « Architectures du quotidien » est l’occasion de décrypter ces transformations.
Hybrides et multifonctionnels
Depuis plusieurs années, des équipements publics hybrides combinant plusieurs fonctions sur une même parcelle se multiplient. Une école peut par exemple cohabiter avec une bibliothèque, une maison de santé, un gymnase, une salle de spectacle, voire, avec des logements.
Un même bâtiment peut également accueillir différents publics et usages selon les moments de la journée ou de la semaine, grâce à des dispositifs d’architecture évolutive, tels que des cloisons mobiles, des accès différenciés ou des salles modulaires. Cette mutualisation des espaces permet d’optimiser les coûts et l’utilisation des sols, tout en favorisant la mixité.
Le groupe scolaire et centre social Tabanac à Bègles (Nouvelle-Aquitaine) illustre cette approche. Livré en 2020 par l’agence Flint Architecture, lauréate du prix régional de la construction bois en Nouvelle-Aquitaine, ce projet réunit une école maternelle et élémentaire, un centre de loisirs, un centre social, des jardins pédagogiques et une salle polyvalente, organisés autour d’un parvis partagé. L’architecture privilégie la continuité spatiale grâce à des baies vitrées, des vues traversantes et des circulations ouvertes entre les espaces, favorisant les échanges et la porosité entre les différentes fonctions. Ouvert sur le quartier, l’ensemble forme un lieu de vie intergénérationnel, propice à la rencontre entre enfants, familles et riverains.
Plus durables et inclusifs
Pour répondre aux défis climatiques et sociaux, les équipements publics de proximité tendent à devenir plus durables et plus accueillants pour tous les publics.
Sur le plan environnemental, les nouvelles constructions s’appuient sur une palette de solutions pour limiter leur empreinte carbone, telles que l’utilisation croissante de matériaux biosourcés (bois, terre crue ou béton de chanvre), de toitures végétalisées, de dispositifs de ventilation naturelle ou de panneaux photovoltaïques, dans un objectif de construction à énergie positive.
L’enjeu de l’inclusion est intégré dès la phase de conception. Une série de dispositifs architecturaux visent à garantir l’accueil des différents publics (enfants, personnes âgées et/ou à mobilité réduite), tels que des rampes d’accès à pente douce, des revêtements de sol contrastés, des zones tactiles aux seuils d’entrée, du mobilier adapté et des espaces modulables en fonction des besoins. Des signalétiques multisensorielles combinant informations visuelles, tactiles, sonores et numériques offrent également une expérience plus fluide et autonome.
La médiathèque François-Mitterrand – Les Capucins de Brest (Bretagne), inaugurée en 2017 et conçue par l’Atelier Canal, incarne cette ambition inclusive. Lauréate du prix Livres Hebdo pour la qualité de son espace intérieur, elle transforme un ancien bâtiment industriel en lieu culturel accessible à tous. L’accès de plain-pied, les rampes intégrées à l’architecture, les ascenseurs dimensionnés avec soin, la signalétique visuelle et tactile et les cheminements sans obstacles répondent aux normes les plus exigeantes des ERP (Établissements recevant du public). Le projet intègre également des outils numériques spécifiques : audiodescription, boucles à induction magnétique, textes en FALC (Facile à lire et à comprendre), permettant à chaque visiteur de s’orienter et de profiter pleinement des lieux, quels que soient ses besoins.
Chargés de répondre à de multiples défis, les équipements publics de proximité sont devenus de véritables laboratoires d’expérimentation architecturale. Ils dessinent une autre manière de penser la ville, plus inclusive et durable et participent à la transformation sociale et écologique des territoires urbains et ruraux.
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